Caractéristiques artistiques
Les paroles de Time Will Crawl sont constituées d'une succession non-linéaire d'images apocalyptiques. Dépourvues de rimes, elles adoptent une structure d'accumulation qui accentue l'horreur de ce qu'elles décrivent. Ce n'est pas la première fois que Bowie aborde le sujet de la fin du monde : en 1972, Five Years annonçait qu'il ne restait plus que cinq ans au monde, mais c'était une apocalypse enjouée, « la fin du monde comme une chanson de bar ». Time Will Crawl adopte un point de vue plus sombre et résigné, avec la description clinique des effets de la catastrophe nucléaire : rivières mortes, cadavres bouffis, cachets contre les radiations. Avec Day-In Day-Out et '87 and Cry, elle fait partie des titres de Never Let Me Down qui abordent des sujets d'actualité, chose rare pour Bowie. Au-delà des conséquences de Tchernobyl, le chanteur affirme que la chanson a pour autre thème « l'idée qu'un membre de notre propre communauté puisse devenir le responsable de la destruction du monde », ce qui apparaît surtout dans le dernier couplet.
Musicalement, Time Will Crawl se distingue du reste de Never Let Me Down avec une production moins élaborée. Son solo de guitare est concis afin de laisser place à un solo de trompette « troublant et efficace » selon Nicholas Pegg. Bowie n'adopte pas la voix de chanteur de charme qui est la sienne sur la plupart de ses tubes des années 1980 et reprend ses accents cockneys naturels. Matthieu Thibault salue la mélancolie des harmonies, de la trompette et du chant, mais regrette l'effet négatif de la section rythmique et des chœurs et considère que le refrain « gâche les promesses des couplets ». Plusieurs des chansons de Never Let Me Down sont conçues comme des hommages à d'autres artistes et Time Will Crawl s'inspire en partie du phrasé de Neil Young. Bowie décrit sa version de 2008 comme « du Neil Young de Shortlands » en référence à un quartier de Bromley, le borough londonien dont il est originaire.
